15 Février 2021

Images de science : le rover Perseverance dans sa salle blanche

Le format « Images de science » vous propose de décrypter une photographie particulièrement signifiante d’un point de vue scientifique, de la décrire et d’en comprendre les enjeux.
Le rover Perseverance au Jet Propulsion Laboratory. NASA/JPL Caltech, 2019, CC BY-SA

Pour cette photographie, commençons par regarder l’arrière-plan : on y voit quatre ingénieurs en combinaison, masqués et gantés. Pourquoi tant de précautions ? Parce que le rover Perseverance est dans une salle blanche. Un espace extrêmement propre pratiquement exempt de poussières en suspension dans l’air. Le but est d’éviter tout dépôt de poussière, par exemple sur les optiques. En effet, Perseverance est équipé de différentes caméras et spectromètres qui serviront à observer Mars. Ce serait catastrophique qu’une fois arrivé sur la planète rouge, on ne puisse observer que des poussières terrestres ! L’autre objectif est de ne pas contaminer le rover, et donc Mars, avec de la vie terrestre : bactéries ou levures qui sont collées sur les poussières.

Observons maintenant le premier plan, une des roues est en train de franchir un obstacle. Les ingénieurs sont en train de tester la faculté du robot à progresser sur un sol accidenté. Cependant une fois sur place, Perseverance évitera le plus possible les obstacles.

Comment va-t-il progresser ? Il ne faut pas imaginer qu’il sera possible de le piloter comme peuvent le faire les enfants avec leurs voitures télécommandées. Tout simplement parce que les informations transmises par le rover vont mettre, au mieux, entre 7 et 24 minutes à parvenir aux opérateurs sur Terre : suffisamment de temps pour avoir un accident ! Ce temps dépend notamment de la distance entre Mars et la Terre qui évolue selon les orbites de chaque planète.

En réalité Perseverance va se déplacer très lentement : entre 40 et 200 mètres par jour quand il roule (pour comparer, le précédent rover Curiosity a parcouru 25 kilomètres en 9 ans soit en moyenne, au total, environ 7,5 mètres par jour). Chaque jour, des images en 3D de son environnement proche seront envoyées sur Terre. Les équipes techniques et scientifiques vont alors déterminer une cible, un objectif à atteindre, et le meilleur chemin pour y accéder. Un programme va alors être envoyé au robot. Il existe bien sûr des sécurités, si jamais il se coince ou risque de s’enliser, il s’arrête, et renvoie des données.

Il existe également un mode de navigation autonome : à partir du chemin donné, il va s’arrêter tous les quelques mètres, refaire une image panoramique et recalculer le meilleur itinéraire pour atteindre son but.The Conversation


Michel Viso, Responsable programme exobiologie, correspondant programme ExoMars, Centre national d’études spatiales (CNES)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.